Le 25 février 2019, le Conseil a lancé son Rapport de recommandations sur les systèmes alimentaires durables dans le Nord.
Les systèmes alimentaires durables dans le Nord constituent un élément essentiel du développement économique dans cette région. Ils sont à la base de la sécurité alimentaire, et ils permettent aux collectivités d’être en meilleure santé et aux individus d’être mieux à même de participer à la population active. Une main-d’œuvre en meilleure santé contribue à rendre le climat économique plus propice et susceptible d’attirer et de retenir les entreprises. En retour, les améliorations au chapitre de l’emploi et des possibilités d’éducation ainsi que la hausse des revenus se traduisent par une plus grande sécurité alimentaire. Les systèmes alimentaires durables dans le Nord sont le moteur du développement économique, et ils profitent également de la croissance économique engendrée par les nouvelles occasions d’affaires.
En nous basant sur des recherches faites tant à l’interne qu’à l’externe, de même que les conclusions de la table ronde que nous avons organisée à Whitehorse, au Yukon, en juin 2018 afin de discuter des systèmes alimentaires durables avec les résidents du Nord, nous ont permis de formuler une série de recommandations :
- Premièrement, nous recommandons qu’un ensemble de quatre outils stratégiques soit mis sur pied afin d’aborder la question des aliments traditionnels et la possibilité qu’ils puissent contribuer de façon plus fiable et durable aux systèmes alimentaires dans le Nord. Ces politiques et programmes permettraient de soutenir les chasseurs et de faciliter l’approvisionnement en aliments traditionnels dans les hôpitaux, les écoles et les établissements gouvernementaux, de concevoir des pratiques appropriées en matière de commercialisation et de gestion de ces aliments, et d’en faciliter l’inspection afin de veiller à ce que les règlements sur la salubrité des aliments soient respectés. Fait important, toutes ces politiques seraient élaborées en collaboration avec les instances dirigeantes autochtones et reconnaîtraient le pouvoir du gouvernement autochtone de prendre des règlements concernant la cueillette et l’emploi des aliments traditionnels ou de ceux prélevés dans la nature.
- Deuxièmement, nous recommandons de mettre au point deux programmes, et de leur fournir un soutien accru, dans le but de promouvoir les mesures d’adaptation aux changements climatiques et d’appuyer les entreprises autochtones de pêche commerciale à petite échelle. Ces programmes incluraient un soutien pour les installations locales de transformation afin que l’essentiel des bénéfices demeure au sein des collectivités et soit utilisé à leur avantage. Les aliments traditionnels et ceux prélevés dans la nature offrent aux systèmes alimentaires autochtones une contribution irremplaçable, qui va bien au-delà de leur excellente valeur nutritive; le soutien apporté à ces initiatives, maintenant et à l’avenir, engendre de multiples retombées économiques et communautaires qui profitent à tous.
- Troisièmement, nous recommandons que des améliorations significatives et d’importantes modifications soient apportées aux programmes fédéraux de subventions. Nous recommandons que le programme Nutrition Nord soit axé sur l’appui à la production alimentaire locale et à la cueillette, par l’intermédiaire de subventions destinées au transport des aliments traditionnels et aux outils et fournitures nécessaires à la production alimentaire locale et à la cueillette. De plus, nous recommandons que les résidents du Nord aient droit à une allocation de revenu de base garanti ainsi qu’à des taux d’imposition fédérale indexés en fonction du coût de la vie dans le Nord. Finalement, nous formulons trois autres recommandations : établir des mesures d’appui au développement économique en vue de mettre sur pied, pour les aliments commerciaux, des chaînes d’approvisionnement et de distribution appartenant aux populations locales; examiner l’opportunité de plafonner les prix des denrées de base; et faire un suivi continu des programmes alimentaires existants et des taux d’insécurité alimentaire.
- Quatrièmement, nous recommandons l’adoption d’une stratégie permanente en matière d’investissements dans les infrastructures, qui honore les engagements budgétaires antérieurs et qui continue de se concentrer sur les infrastructures de transport (maritime, aérien et terrestre), leur entretien et leur amélioration. Il faut construire des ports en eaux profondes et améliorer les aéroports et les routes afin de veiller à ce que les collectivités éloignées et isolées maintiennent des réseaux de distribution, et qu’à l’avenir, elles soient mieux à même de tirer avantage des possibilités de développement économique.
- Cinquièmement, nous recommandons la simplification et la coordination des outils de financement destinés aux individus, aux collectivités et aux entreprises dans le Nord qui cherchent à mettre au point des solutions locales, et d’associer ces personnes à un réseau de partage pour les projets et les promoteurs afin de leur permettre de communiquer avec des champions en matière d’études de cas.La création d’une plateforme à guichet unique servant à répertorier les outils de financement ainsi que l’établissement d’un processus de demande unique permettraient d’encourager l’innovation, de localiser les contributions aux systèmes alimentaires et de réduire la nécessité de naviguer à travers une multitude de ministères et de paliers gouvernementaux. Un réseau de partage favoriserait la diffusion des idées, des bons coups et des défis partout dans le Nord, facilitant ainsi la propagation des réussites et la réduction des obstacles.
Finalement, nos recommandations en vue d’améliorer et de soutenir les systèmes alimentaires durables dans le Nord sont axées sur l’accroissement de la participation et de l’autonomie à l’échelle locale en vue de mettre au point et d’appuyer les solutions locales et la production alimentaire locale. Toutes les recommandations tendent vers une autodétermination accrue et une plus grande autonomie gouvernementale pour les Autochtones, et s’appuient sur une approche fondée sur les distinctions. Grâce à un financement amélioré et simplifié pour les initiatives locales, jumelé à des réseaux de partage des solutions, le Nord sera mieux placé pour soutenir des systèmes alimentaires durables et le développement économique à venir.
Le CNDEA
Créé en 1990, le Conseil national de développement économique des Autochtones est un organisme nommé par décret, dont le mandat est de fournir au gouvernement fédéral des conseils stratégiques sur les politiques portant sur des questions liées au développement économique des Autochtones. Composé de dirigeants d’entreprises et de collectivités inuites, métisses et des Premières Nations provenant de partout au pays, le Conseil aide les gouvernements à répondre aux besoins uniques des peuples autochtones au Canada et à tenir compte de leur situation exceptionnelle.