Le développement économique des Autochtones n'est toujours pas sur la bonne voie

Éditorial du chef Clarence Louie, Président du CNDEA, et de Dawn Madahbee, Vice-Présidente - Plus tôt ce mois-ci, le rapport de la Commission de vérité et de réconciliation sur les pensionnats a généré des centaines de rapports des médias et a contribué à attirer l’attention sur les défis auxquels font face les collectivités autochtones au Canada.

Éditorial publié dans le journal Ottawa Citizen le 17 juin 2015

Les pensionnats ne sont qu’un exemple parmi de nombreuses mesures qui ont dépouillé nos collectivités de leur indépendance et miné notre capacité à offrir des occasions valables aux jeunes générations.

Même si la Commission de vérité et de réconciliation constitue un jalon clé d’une importance symbolique immense, celle ci n’aura pas d’effet durable à moins que nous ne fournissions les outils économiques dont nos collectivités ont besoin pour participer pleinement à l’économie canadienne.

La vision du Conseil national de développement économique des Autochtones (CNDEA) est que le peuple autochtone soit en bonne santé, bien instruit, autosuffisant sur le plan économique et qu’il participe pleinement à l’économie canadienne. Nous croyons que tous les gains que nous voulons faire collectivement pour le 1,4 million d’Autochtones au Canada doivent être atteints en nous concentrant sur le revenu, l’éducation et l’entrepreneuriat en vue de combler les vastes écarts économiques qui existent entre les Canadiens Autochtones et les Canadiens non-Autochtones.

Le chef Clarence Louie, Président du CNDEA, et Dawn Madahbee, Vice-Présidente, au lancement du Rapport d'étape au cours de la conférence First Nations Infrastructure, Land Development & Urban Planning (RezLAND) à Osoyoos, en Colombie-Britannique.
Le chef Clarence Louie, Président du CNDEA, et Dawn Madahbee, Vice-Présidente, au lancement du Rapport d'étape au cours de la conférence First Nations Infrastructure, Land Development & Urban Planning (RezLAND) à Osoyoos, en Colombie-Britannique.

Les possibilités de développement économique pour les Autochtones sont aujourd’hui plus grandes que jamais – grâce à une série de facteurs dont les droits issus de traités et la reconnaissance croissante que les collectivités locales ont beaucoup à offrir. Parmi les histoires de réussite, on compte les contrats de construction navale en Nouvelle Écosse; la construction du premier centre de correction dans une réserve au Canada sur les terres de réserve de la bande indienne d’Osoyoos; le deuxième plus grand développement de centre commercial au Canada par les Premières Nations de Tsawwassen; et Air Inuit, qui a commencé en 1978 et qui emploie actuellement près de 500 personnes.

On estime que les Autochtones du Canada généreront 32 milliards de dollars par année en revenu combiné dans les ménages, les entreprises et les gouvernements d’ici 2016 – plus que Terre Neuve et l’Île du Prince Édouard réunis.

Toutefois, les Canadiens Autochtones représentent 4 % de la population et les 32 milliards de dollars générés par l’activité économique représenteront moins de 1,5 % du produit intérieur brut (PIB) en 2016. Par conséquent, la prospérité des Autochtones est essentielle à la prospérité globale du Canada et au succès à long terme de l’économie canadienne.

En 2012, le CNDEA a fixé un objectif audacieux en vue d’atteindre la parité économique et sociale entre les Canadiens Autochtones et les Canadiens non-Autochtones d’ici 2022. Nous nous sommes engagés à mesurer les progrès accomplis tous les trois ans à compter de 2012 et à présenter un rapport aux Canadiens. Cette semaine, nous avons publié notre première fiche de rendement – le Rapport d’étape sur l’évolution de l’économie des Autochtones.

  • Les conclusions montrent que les Autochtones du Canada ont enregistré de légers gains entre 2006 et 2011, mais des écarts importants demeurent entre les Autochtones et les autres Canadiens – en particulier pour les Premières Nations vivant dans les réserves.
  • Les écarts entre les Premières Nations vivant dans les réserves et les Canadiens non-Autochtones ont augmenté pour ce qui est du taux d’emploi, de la dépendance aux transferts gouvernementaux, du taux d’obtention d’un diplôme d’études collégiales ou d’une école de métiers, du taux d’obtention d’un diplôme d’études universitaires, et des logements surpeuplés.
  • Le taux de chômage des Inuits a diminué à 19,5 % en 2011, ce qui a entraîné une baisse de deux points de pourcentage dans l’écart avec la population non-Autochtone. Toutefois, les écarts dans le taux d’obtention d’un diplôme d’études postsecondaires des Inuits ont augmenté. Le taux d’obtention d’un diplôme d’études universitaires des Inuits est demeuré le plus faible à 4,9 %, comparativement à 25,8 % pour la population non-Autochtone.
  • Les Métis avaient le meilleur taux d’obtention d’un diplôme d’études secondaires (71,0 %) et d’études universitaires (12,2 %) de tous les groupes autochtones. L’écart du revenu moyen entre les Métis et la population non-autochtone a diminué de 6,7 %.

Bref, les Autochtones du Canada ne sont pas actuellement sur la bonne voie pour atteindre la parité avec les autres Canadiens. Le CNDEA craint que la majeure partie du potentiel économique des Autochtones reste inexploitée. La seule façon d’avancer demeure le développement économique et communautaire, la création d’entreprises, l’éducation et l’emploi assortis d’une gouvernance solide, d’une volonté politique et d’investissements ciblés et suffisants dans ces domaines.

En se fondant sur les conclusions du rapport, le CNDEA a formulé une série de recommandations y compris des stratégies ciblées pour les Premières Nations dans les réserves, l’éducation, l’emploi et l’acquisition de compétences, les jeunes et la collecte de données en vue de renforcer l’élaboration de politiques.

Le Conseil croit fermement que le développement économique est le fondement d’une véritable réconciliation et d’une vraie collaboration entre les gouvernements, les entreprises du secteur privé et tous les Autochtones. Il est évident qu’il reste encore beaucoup de travail à accomplir avant que les Autochtones soient dans la même position que les autres Canadiens pour contribuer à l’une des économies les plus riches du monde et en tirer profit au même titre que les autres citoyens.

Le CNDEA
Établi en 1990, le Conseil national de développement économique des Autochtones (CNDEA) est nommé par le gouverneur en conseil pour fournir au gouvernement fédéral des conseils sur les politiques et les programmes de développement économique des Autochtones. Composé de dirigeants des affaires et des collectivités des Premières Nations, des Inuits et des Métis provenant de tout le Canada, le Conseil occupe la fonction importante d’aider le gouvernement fédéral à élaborer et à mettre en œuvre des politiques et des programmes économiques adaptés aux circonstances et aux besoins particuliers des Autochtones du Canada.

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