Le Rapport d’étape sur l’évolution de l’économie des Autochtones de 2024

Image of open report booklet and report book cover for 2024 Indigenous Economic Progress Report.

Le Rapport d’étape sur l’évolution de l’économie des Autochtones de 2024 est le quatrième rapport publié par le Conseil National de Développement Économique des Autochtones. Ce rapport met à jour et évalue les indicateurs économiques clés pour les populations autochtones au Canada, en utilisant les données du recensement de 2021 et au-delà. Il vise à suivre les progrès, identifier les lacunes et informer les décisions politiques pour favoriser la prospérité économique des Autochtones.

Depuis le rapport de référence économique de 2012, des progrès considérables ont été réalisés en matière de développement économique des Autochtones, mais le chemin vers la parité économique pour les peuples autochtones au Canada se poursuit.

Le rapport se concentre sur les "Indicateurs Principaux et Sous-jacents" essentiels pour évaluer les progrès économiques des Autochtones.

  • Indicateurs Principaux : Emploi, Revenu, Bien-être Communautaire.
  • Indicateurs Sous-jacents : Éducation, Entrepreneuriat, Gouvernance, Terres et Ressources, Infrastructure.

De 2012 à 2020, tous les indicateurs économiques mesurés ont montré une croissance de l'économie autochtone. À l'échelle nationale, le produit intérieur brut (PIB) et la production autochtones ainsi que les emplois occupés par les Autochtones ont enregistré une croissance positive chaque année depuis 2012, à l'exception de 2020, principalement en raison de la pandémie mondiale de COVID-19. Toutes les provinces et territoires ont également vu leurs principaux indicateurs économiques augmenter au cours de la période de 2012 à 2020. Le nombre d'entrepreneurs autochtones est également en augmentation, avec des taux de travails autonomes en hausse chez les Premières Nations, les Métis et les Inuits depuis 2016.

Malgré cette croissance, des obstacles systémiques et des écarts persistent. Les efforts pour promouvoir l'autosuffisance et la parité socioéconomique des Autochtones doivent être maintenus. Que se passerait-il si ces écarts étaient comblés ? Si les opportunités d'éducation et de formation étaient élargies ? Si les travailleurs autochtones avaient le même accès aux opportunités économiques que les travailleurs non-autochtones ? À quel point la main-d'œuvre autochtone pourrait-elle davantage contribuer à l'économie canadienne si les écarts de revenu moyen et de taux d'emploi étaient éliminés?

Pour estimer cela, en 2012, la valeur du PIB attribuable à la production autochtone était estimée à 81,9 milliards de dollars, et en 2020, cette valeur était passée à 97,0 milliards de dollars, soit une croissance de 18,5 %. Chaque année avant la pandémie de COVID-19, le produit intérieur brut des Autochtones a enregistré une croissance, passant de 41,7 milliards de dollars en 2012 à 54,1 milliards de dollars en 2019. Ce chiffre représente la contribution significative des Autochtones à l'économie canadienne globale. Le Conseil National de Développement Économique des Autochtones reste engagé à promouvoir la réconciliation économique et reconnaît qu’une grande partie du potentiel économique des peuples autochtones demeure à ce jour non réalisé.

Au-delà de ces chiffres, plusieurs thèmes clés ont émergé au cours de cette édition du rapport :

La pandémie de COVID-19 a eu un impact significatif sur les taux d'emploi et de participation à la population active, les hommes et les femmes ayant vécu ces effets de manières différentes.

La pandémie de COVID-19 a eu des impacts variés sur les résultats économiques des Autochtones. Par exemple, les peuples autochtones ont été confrontés à des taux plus élevés de pertes d'emploi et de chômage pendant la pandémie. De nombreux travailleurs autochtones sont employés dans des secteurs comme l'hôtellerie, le commerce de détail et le tourisme, qui ont été fortement touchés par les confinements et les restrictions liés à la COVID-19.

La réduction des heures de travail et les pertes d'emploi ont entraîné des baisses de revenus importantes pour de nombreuses familles autochtones, aggravant les disparités économiques existantes. En outre, les entreprises autochtones, en particulier les petites et moyennes entreprises, ont connu des fermetures ou de graves perturbations dues à la pandémie. Un accès limité au capital et aux ressources financières par rapport aux propriétaires d'entreprises non autochtones a également rendu difficile la survie de ces entreprises pendant des périodes prolongées de faibles revenus.

De nombreuses entreprises autochtones ont également eu du mal à s'adapter aux nouvelles conditions du marché, telles que le passage aux ventes en ligne ou la mise en œuvre de protocoles de santé et de sécurité, en raison de l’infrastructure et des ressources numériques limitées disponible aux communautés autochtones isolées.

L’analyse de genre de ces données révèle que, en 2021, le taux de chômage des hommes autochtones était supérieur de 6,3 % à celui des hommes non autochtones, tandis que celui des femmes autochtones était supérieur de 3,8 % à celui des femmes non autochtones. Depuis 2016, l’écart s’est réduit; il était auparavant de 9,7 % pour les hommes et de 6,0 % pour les femmes.

L'expérience en réserve a un impact sur la participation au marché du travail, et l'écart entre les individus autochtones et non-autochtones se creuse à un rythme alarmant.

Les taux d’emploi des Premières Nations dans les réserves restent les plus bas, avec 19,9 % de moins que les taux chez les personnes non autochtones. Toutefois, l’écart se réduit, due à une baisse des taux d’emploi des personnes non autochtones pendant la pandémie. En 2021, les taux d’emploi étaient de 50 % chez les peuples autochtones, tandis que les taux étaient de 57 % chez les populations non autochtones.

Parmi les groupes de distinction, les Métis ont historiquement des taux de participation à la population active plus élevés que les non-Autochtones, et cet écart s'est encore réduit. Les populations inuites ont connu une baisse de la participation à la population active, élargissant l'écart avec les non-Autochtones.

Au cours des 15 années écoulées depuis le recensement de 2006, l'écart du taux de participation à la population active entre les Premières Nations en réserve et les individus non autochtones a augmenté de 22,8 %. Cela s'agit d'une augmentation significative, représentant une tendance préoccupante qui souligne la disparité croissante des opportunités économiques et de l'inclusion au marché du travail pour les communautés autochtones en réserve. Cet écart croissant souligne le besoin urgent de mettre en place des interventions et des politiques ciblées pour contrer les conditions systémiques qui continuent à obstruer la participation économique des membres des Premières Nations vivant dans les réserves.

Malgré la croissance des revenus, des écarts significatifs persistent entre les populations autochtones et non autochtones, en particulier dans les zones rurales.

Malgré la croissance intégrale de tout les revenus au fil des ans, des écarts importants subsistent entre les populations autochtones et non autochtones; notamment dans les zones rurales. Les populations métisses continuent d’avoir les niveaux de revenus les plus élevés, tandis que les Premières Nations en réserve gagnent le moins. Comme mentionné précédemment, l’expérience professionnelle en réserve peut influencer les niveaux de revenus.

Une partie de l’augmentation des niveaux de revenus peut être attribuée à la dépendance aux transferts gouvernementaux, qui demeure élevée, surtout parmi les Premières Nations en réserve et les femmes autochtones.

Les scores de bien-être communautaire sont en hausse.

L'Indice de bien-être communautaire est un outil utile pour démontrer les écarts et les améliorations du statut socio-économique. Le rapport souligne la nécessité d’engager une meilleure collecte de données pour éclairer les mesures politiques liées au développement économique. Cela nécessite l’élaboration d’indicateurs adaptés aux cultures autochtones, se concentrant sur des facteurs tels que la santé, l’environnement, la langue et les liens sociaux, pour améliorer les mesures utilisées pour calculer l’indice de bien-être communautaire.

Cela étant dit, on observe une augmentation à long terme des indices de bien-être communautaires pour les Premières Nations, avec des améliorations notables entre 2016 et 2021. À l’inverse, les communautés inuites ont enregistré des gains à long terme, mais des baisses à court terme, ce qui a creusé l’écart dans les indices de bien-être des communautés.

Les taux d’achèvement des études secondaires sont en hausse, à l’exception des Inuits, et un écart important entre les genres persiste.

L’éducation, historiquement utilisée comme un outil d’assimilation à travers les pensionnats, est aujourd’hui un facteur clé pour le développement économique et le bien-être. Le rapport relève l’importance de l’éducation dans l’amélioration des niveaux d’emploi et de revenu, plaide en faveur d’une augmentation des possibilités de formation et de stage pour poursuivre ces progrès.

Entre 2006 et 2021, les taux d’achèvement des études secondaires se sont améliorés pour tous les groupes autochtones, à l’exception des Inuits. La géographie a un effet significatif sur l’obtention de diplômes, avec des taux plus faibles dans les régions éloignées. De plus, L’analyse de genre de ces données révèle que les femmes autochtones démontre des taux d’achèvement plus élevés que les hommes autochtones.

Les programmes et les établissements d’enseignement gérés par des Autochtones, tels que Mi’kmaw Kina’matnewey en Nouvelle-Écosse, ont connu un succès remarquable, avec des taux d’obtention de diplômes de fin d’études secondaires atteignant 95 %. Cela nous montre que l'intégration de la culture, de la langue et de l’histoire autochtones aux programmes scolaires a un impact positif sur la réussite scolaire, la formation de l’identité et la santé mentale des élèves.

Bien qu’aucun nouvel Accord sur les Revendications Globales et l’Autonomie Gouvernementale n'ait été signé depuis le Rapport sur les Progrès Économiques de 2019, des progrès significatifs ont été réalisés dans la reconnaissance des droits des Autochtones et la protection des terres.

L'accès des Autochtones à leurs territoires traditionnels et leur gestion revêtent une importance capitale, car ils forment le socle de l'identité culturelle, des savoirs traditionnels et des pratiques cérémonielles. Pour que les peuples autochtones bénéficient pleinement des opportunités de développement économique, l’appui vers une gestion et gouvernance autonome des terres est essentielle.

La mise en œuvre et le respect des accords fondés sur les terres se sont détériorés au fil du temps, de nombreuses obligations n'ayant pas été honorées. Des efforts ont été déployés pour atténuer les injustices historiques et pour respecter les obligations des traités; bien qu'aucun nouvel accord de revendications globales ou d'autonomie gouvernementale n’a été signé depuis 2019. Malgré cela, des progrès significatifs ont été réalisés dans la reconnaissance des droits autochtones et la protection des terres. Par exemple, la période de 2015 à 2017 a vu en moyenne 15 revendications résolues par an, mais en 2022-2023, un nombre record de 56 revendications ont été résolues, pour un total de 3,5 milliards de dollars en compensation.

Les entreprises non autochtones dominent l’économie canadienne, mais les petites et moyennes entreprises autochtones sont plus performantes que les petites et moyennes entreprises canadiennes en matière de chiffre d’affaires et de croissance.

Les entreprises non autochtones dominent l’économie canadienne, représentant 98,68 % des entreprises privées et 97,17 % du marché d’entrepreneurs autonome. Cette prédominance démontre la disparité persistante, car l’écart ne montre aucun signe de réduction.

Malgré ces défis, les entrepreneurs autochtones contribuent en environ 48,9 milliards de dollars à l’économie canadienne; un chiffre qui pourrait augmenter si les obstacles systémiques, comme l’accès limité aux opportunités de marchés publics fédéraux, étaient supprimés. L’analyse de la taille des entreprises autochtones illustre que la majorité d’entre elles retiennent peu ou pas d’employés, puisqu’on compte une grande partie d'entrepreneurs individuels et de petites entreprises (1-4 employés). Notamment, les petites et moyennes entreprises autochtones surpassent les petites et moyennes entreprises canadiennes en termes de ventes et de croissance des revenus.

Les jeunes autochtones détiennent un potentiel important pour augmenter la parité économique.

Les jeunes autochtones représentent un potentiel significatif pour pallier les pénuries de main-d’œuvre au Canada en raison de leur population croissante. Malgré cela, ils font face à des obstacles considérables, notamment des taux d’incarcération, de prise en charge par l’État et de suicides plus élevés que les jeunes non autochtones. Néanmoins, les indicateurs d’emploi des jeunes métis s’améliorent lentement et se rapprochent de la parité avec les jeunes non autochtones.

Des meilleurs données, la préservation culturelle et un soutien accru sont considérés comme atouts précieux et éléments déclencheur des efforts contribuant au développement économique. 

Bien que des progrès substantiels ont été réalisés dans divers domaines, il reste encore beaucoup à faire pour surmonter les obstacles et parvenir à la parité économique pour les peuples autochtones du Canada. Dans ce contexte, le rapport souligne la nécessité d’améliorer la collecte de données, de conserver la culture et d’augmenter le soutien pour favoriser la parité économique entre les Autochtones et le reste du Canada.

Le Le Rapport d’étape sur l’évolution de l’économie des Autochtones de 2024 Le Rapport d’étape sur l’évolution de l’économie des Autochtones comprend 70 recommandations et 22 considérations stratégiques visant à favoriser une croissance et une prospérité durables au sein des communautés autochtones. Ces recommandations visent à renforcer les capacités des peuples autochtones, à promouvoir l’autodétermination et à créer des possibilités de développement économique. Les recommandations formulées sont liées aux indicateurs « principaux et sous-jacents » figurant dans le rapport.

La mise en œuvre des recommandations contenues dans le Rapport sur les Progrès Économiques des Autochtones, de manière collaborative et respectueuse des cultures, soutient l’autonomisation économique et l’autodétermination des peuples autochtones et illustre la chemin vers le développement économique durable nécessaire pour assurer la prospérité pour des générations futures.

Résumé des Recommandations 

À la lumière de l’analyse approfondie et de l'examen complet des initiatives de développement économique autochtones contenues dans ce rapport, un ensemble de recommandations et de considérations visant à favoriser une croissance durable et la prospérité au sein des communautés autochtones a été formulé. Ces recommandations sont conçues pour autonomiser les peuples autochtones, promouvoir l'autodétermination et créer des opportunités pour le progrès économique. Les recommandations sont liées aux "Indicateurs Principaux et Sous-jacents" identifiés dans ce rapport.

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